Et si on parlait de remote ?

Un sujet récemment ouvert dans le forum ‘Trafic DX’ du portail Radioamateur.org soulève plusieurs questions, certaines inhérentes à la radio et au radio-amateurisme, d’autres plus complexes sur les comportements humains.

Pour tenter d’éclaircir le message, ma position vis à vis des forum de radioamateur.org est la suivante : j’ai été un des tous premiers à m’inscrire dans les forums dès leur ouverture ; j’ai participé comme beaucoup d’autres à une époque à animer — dans tous les sens du terme — les différents sujets ouverts ; j’ai aussi participé pendant quelques années à animer la section News lors d’une refonte du portail.

Plus récemment, après un conflit avec l’un des deux administrateurs, j’ai demandé à supprimer mon mon compte et à anonymiser mon contenu. Le conflit partait de l’ajout des icônes en bas de message pour donner une appréciation au contenu — mais malheureusement trop souvent à l’auteur.

Puis, après quelques semaines de lecture, si l’on n’est pas inscrit, cela devient vite difficile à suivre. Je me suis donc inscrit de nouveau mais j’ai demandé à l’administrateur s’il était possible de n’être qu’en lecture seule.

Cette possibilité existant, j’ai demandé à ce qu’on me l’applique. La conséquence est qu’on peut m’écrire en message privé mais que je ne peux répondre. Par contre, je peux utiliser la notation en bas de message. Je ne l’utilise pas souvent mais parfois je m’en sers comme on ne devrait pas, c’est à dire pour noter la personne plutôt que son contenu. Et souvent pour contrebalancer des notations contraires. D’autre part, le présent billet n’est en aucune façon une leçon de morale, étant très mal placé pour en donner.

Ceci précisé, revenons-en au sujet de ce billet…

Le ´remote’ qu’est-ce que c’est ?

C’est la faculté pour un radioamateur d’utiliser une station radio du service amateur à distance.

Avec l’avancée de la technologie, des connexions Internet rapides et bon marché, que ce soit en filaire xDSL, fibre ou cellulaire, avec des matériels informatiques comme le Raspberry Pi, l’Arduino, et les évolutions numériques avec la SDR, il a suffit d’avoir des idées et de les déployer.

En partant de la SDR, et le fait de trouver des matériels très peu onéreux et des logiciels très bien réalisés, on a vu fleurir des sites Internet que l’on nomme WebSDR. Ces derniers permettent d’écouter des fréquences radio en partant d’une situation géographique différente de celle où l’on se trouve. Au fur et à mesure de l’utilisation de ces récepteurs radio, on s’aperçoit que l’on peut entendre des émissions à l’aide d’un WebSDR que l’on n’entend pas à partir de sa propre station. Et surtout intéressant sur les bandes basses qui sont des bandes nocturnes, qui s’ouvrent au DX à partir du coucher du soleil jusqu’au lever suivant. Et aussi pour profiter d’ouvertures de propagation sur des bandes autrement fermées chez soi.

On voit de suite ce qu’un esprit même pas tordu mais essentiellement tricheur peut faire de cette situation. Par exemple, une expédition annonce qu’elle va concentrer son trafic sur les bandes basses. Et plutôt que de veiller et de passer du temps devant son transceiver, et même si l’on n’est pas équipé sur les bandes basses, il suffit de trouver un WebSDR à distance idéale sur ces fréquences et d’appeler à l’aveugle… même en pleine journée, à votre domicile et remplir ses cases vertes d’un côté et son compte LoTW de l’autre. Et vous pensez que chez nous, en France, pays éminemment latin, nous ne jouerions pas à ce jeu ?

C’est pourtant sur ce sujet que démarre le fil le plus saignant de l’année sur le portail bien connu. Et de ce sujet sur l’utilisation du WebSDR, probablement licite mais pas franchement éthique, on passe d’abord à l’utilisation d’une station remote dans le même esprit que le WebSDR — on utilise une station complète déportée et géographiquement plus favorable —, toujours pas éthique et probablement illicite, vers l’utilisation que chacun peut faire d’une station remote.

Et on voit que dès que l’on touche à des sujets qui sont borderline vis à vis de la réglementation, ça part vite en vrille.

Si l’on prend un peu de recul, on s’aperçoit qu’au départ du fil, un DX’er met en lumière le comportement peu éthique, voir contraire aux règlements des diplômes en question, et in fine contraire à la réglementation de certains de ses congénères d’ether. Et on voit que, si les critiques vont bon train contre ses infâmes dévoyeurs de technologie à des fins purement égocentriques, dès qu’on vient à questionner la légalité de la même utilisation d’un remote avec pour objectif le désenclavement des radioamateurs citadins, on termine par un traitement ad-hominem et à l’insulte publique d’un radioamateur qui, lui, a prouvé depuis longtemps, et par écrit, en dehors des forums, la valeur de ses connaissances en matière de radioélectricité, de radio-amateurisme et ses capacités à tenir des débats houleux en restant strictement au niveau des idées. Et ses détracteurs de sortir la quéquette à comparer le nombre de QSO qui serait le nouvel étalon par lequel un OM est radioamateur… ou pas !

Pourtant, ce que d’aucuns prennent pour de la condescendance, du mépris et/ou de la suffisance, n’est pourtant rien d’autre que l’expression d’une culture et d’un style qui vient d’un autre temps et que l’on n’a pas l’habitude de lire dans les forums et autres réseaux sociaux limités en nombre de caractères et où le ‘tout, tout de suite’ règne en maître. Mais cet OM n’a pas besoin de moi pour défendre ses propos. D’ailleurs, tout l’intérêt de ce post est de montrer qui est qui, et qui a cédé à l’insulte facile. Et en plus, en public !

Mais revenons une nouvelle fois au remote.

Actuellement, et de quelque endroit qu’on se positionne, l’utilisation d’une station radioamateur à distance n’est pas autorisée en France. Même si beaucoup attendent la signature de textes qui sont prêts quelque part dans notre administration, cela ne changera pas grand chose niveau autorisation. Car sans un aménagement au niveau de la définition de la position géographique d’une station, le problème restera entier. Le mieux pour ce type d’utilisation, est que cela soit encadré par des textes écrits correctement et non une totale anarchie comme c’est le cas aujourd’hui dans nos textes. Et je vous mets au défi de comprendre quelque chose à partir des liens donnés par l’ANFR sur son site et les différents renvois de textes modifiés depuis des années sans réelle ambition d’en éclaircir l’usage et la compréhension.

À mon avis, qui reste libre d’être contre-argumenté dans les commentaires ci-dessous, la seule situation d’utilisation réglementairement autorisée, est celle où on pilote sa station personnelle située au domicile déclaré, à distance, en prenant la main sur son ordinateur, ce dernier étant relié aux équipements radio et en lançant appel soit en télégraphie, soit en mode numérique ou encore en utilisant des messages pré-enregistrés en phonie. Dans le cas présent, tout ce qui transite sur la connexion Internet sont des commandes binaires d’un ordinateur et aucun contenu radioélectrique HF ou BF.

Et c’est justement ce qu’utilise intelligemment l’un des intervenants de l’échange dont il est question depuis le début de ce billet.

Billet dédié à mon ami Francis.

 

Illustrations partofthething.com, etsy.com.

F8BXI

A propos de F8BXI

Le voyage est la récompense…

5 commentaires à propos de “Et si on parlait de remote ?”

  1. “Actuellement, et de quelque endroit qu’on se positionne, l’utilisation d’une station radioamateur à distance n’est pas autorisée en France. Même si beaucoup attendent la signature de textes qui sont prêts quelque part dans notre administration, cela ne changera pas grand chose niveau autorisation.”

    Bonjour à tous !

    Nous sommes bientôt en 2025. Cet article date donc de plus de 5 ans.

    Le remonte n’est toujours pas autorisé en France ?

    Cordialement.

    Jean-Nicolas

    • Bonjour JN,

      Je vois que tu es assidu et toujours à la pointe de l’info 😉 Effectivement, la situation n’a pas évolué d’un poil depuis ce texte. Comme de toutes les manières, tout le monde est connecté, que ce soit en remote, des serveurs numériques et analogiques interconnectés par le Net, et que personne ne dit rien, c’est le status quo. Il me semble que nous ne pouvons pas être sanctionnés dans la mesure où ce que l’on nous demande c’est de ne pas avoir de communications cryptées, ce qui est le cas. Ce qui pourrait amener le législateur à légiférer et éclaircir les droits, devoirs et sanctions, c’est qu’il arrive un ‘couac’ dans une interconnexion entre nos réseaux et le réseau public. Tant que tout se passe bien, cela ne bougera pas plus que ça.

      Et puis, en ce moment, les administrations et les ministères ont d’autres chats plus urgents et importants à fouetter 😉 Et avec un gouvernement qui peut sauter tous les 3 mois, je ne vois pas de venir de période assez stable pour que quelqu’un se replonge dans ce machin.

  2. Bonjour Philippe

    Après plus de 12 ans d’absence, je constate que le monde de la radio n’a pas beaucoup changé… Cela dit, je reviens doucement, avec pour objectif d’être QRV début 2025.

    Dans un premier temps, je m’intéressais à des solutions externes comme celle-ci : https://www.remotehamradio.com/ . Malheureusement, je n’ai rien trouvé de similaire à proximité (du moins en France) ou correspondant à mes attentes.

    Cependant, je dois dire que ce type de solution remote reste très pratique, notamment pour profiter de la pause déjeuner !

    À bientôt,
    Jean-Nicolas

    • Bonjour JN,

      Non, ça n’a pas beaucoup bougé. Si on ne secoue pas la marmite, peu de chance que cela mijote de la nouveauté 🙂 Pour le remote, je préfère la solution hardware sans abonnement avec quelque chose comme Remote Rig par exemple. https://www.remoterig.com/wp/ Ça marche très bien par connexion Internet ou en semi-local par pont wifi.

      A+,
      Philippe

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