Faits de jeu…

En ce début d’été caniculaire, l’esprit de plusieurs d’entre nous est tourné vers la Russie où notre équipe de France de Football essaie de nous rejouer un « Vingt ans après. »  à la Alexandre Dumas.

La réussite au bout du parcours nous redonnera peut-être, l’espace d’un été, cet esprit de 1998 où il a fait bon vivre en France, en communauté, sans penser à mal, dans un parfum de naïveté, de poésie et d’insouciance qui peut caractériser notre beau pays quand il se prend à laisser les rancœurs au placard et à penser positif.

Mais avec le Foot, on ne sait jamais de quoi sera fait le prochain match. L’équipe peut être excellente, l’ambiance au beau fixe, la vie du groupe idéale, les individualités brillantes, la ‘grinta’ présente et l’aspect physique impressionnant, le fait de jeu, un simple fait de jeu, peut vous ramener à la maison aussi vite que vos rêves de brandir la coupe Jules Rimet s’effaceront. Nos amis brésiliens, dont les individualités et véritables stars rayonnent dans les plus grandes équipes d’Europe, l’ont appris durement contre une équipe de Belgique moins prestigieuse mais beaucoup plus efficace.

Un fait de jeu est une erreur présumée ou une décision de l’arbitre qui influe sur le cours du match. Une main non sanctionnée, un penalty sifflé pour une faute inexistante, etc

Plus près de nous, le fait de jeu s’apparente à diverses actions de ces associations qui tentent d’œuvrer pour le bien de tous mais toujours en essayant de tirer la couverture à soi. Comme en Foot, l’égo démesuré des stars en exercices vient briser les espoirs de chacun de voir une communauté unie autour d’un projet. Il faut qu’il n’y ait qu’une star et que celle-ci ne brille que pour une seule équipe. Sans compter le cinéma que peuvent nous faire ces acteurs pour qu’on les plaigne ou pour que l’arbitre siffle une faute contre l’équipe adversaire.

Dans notre microcosme, les équipes sont les associations ; l’arbitre, les adhérents, ex-adhérents ou présumés futurs adhérents courtisés comme il n’est pas permis par ces associations qui ne pensent qu’à une seule chose : leur survie !

Prenons pour premier exemple cette association qui met tout en œuvre pour que des individus lambdas, fussent-t-ils marins au long court, puissent bénéficier de l’utilisation des fréquences HF du service amateur pour leurs besoins personnels. Ceci est forcément un agrément, car personne ne peut penser un instant en 2018, qu’une organisation sportive puisse lancer autour du monde une vingtaine de navigateurs sans aucune aide de sécurité. Si le règlement prévoit une course à l’ancienne avec une liste stricte des équipements à embarquer, la sécurité n’en est pas pour le moins rejetée aux signaux de fumée. Il suffit de lire le règlement très détaillé de cette course pour s’apercevoir que l’utilisation d’équipements, notamment l’emploi de GPS et communications par satellite, est prévue pour assurer la sécurité globale. Certes, celui qui sera contraint d’utiliser ces moyens ne pourra plus prétendre à un classement dans la course, mais quelle importance quand on a sa propre vie en jeu ?

Quand on lit cette phrase : «  C’est ainsi, la sécurité même de ces skippers est mise en cause […] » Comment ne pas penser que l’emphase apportée au risque pour la vie des navigateurs ne soit rien d’autre qu’un fait de jeu apporté par la star de l’équipe concernée ? Un peu comme la roulade d’un certain Neymar Junior, star du Brésil et du PSG, spécialiste en égo gigantesque et simulation  intersidérale…

Quant au besoin d’un passe-droit alertant les instances administratives les plus hautes —  jusqu’à la présidence de la République — pour obtenir le droit au micro, il suffisait de lire le dit règlement au chapitre 4.4 pour s’apercevoir que c’est aussi prévu.

Comme l’organisation de cette course ne date pas d’hier matin, imaginez une seconde qu’une association moins égocentrique s’insère dans ce projet de course mais en se mettant dans la peau du formateur… Que cette association utilise les nombreux radio-clubs qu’elle fédère pour apporter la formation nécessaire à ces 20 ou 30 skippers pour passer leur certificat d’opérateur du service amateur… Ça aurait eu de la gueule, pour sûr ! Et si le besoin égocentrique se transformait en sponsoring, cette même association aurait pu aller jusqu’à payer les licences de ces navigateurs… Peut-être pour la prochaine édition en 2022… Ou pas…

Mais passons à un autre fait de jeu associatif que l’on pourrait nommer : « Coup de pied de l’âne » 

Ce mois-ci, j’ai lu l’éditorial de Radio-REF de Juillet/Août publié récemment sur le site de l’association. Dans ce texte qui revient sur la réunion des associations radioamateurs avec l’administration (DGE, ARCEP, ANFR), on y parle de faciliter l’accès au radio-amateurisme et de « […] moderniser le service amateur pour en faciliter l’accès au plus grand nombre tout en préservant la qualité des futurs radioamateurs en leur ménageant une marge de progression ». L’auteur conclut ce résumé par : « En effet, l’équation est délicate à résoudre. »

L’équation n’est pas délicate à résoudre parce qu’il serait difficile de trouver un programme de formation et d’examen qui correspondent aux mots ‘moderniser’ , ‘plus grand nombre’, ‘qualité’ et ‘progression’ mais parce qu’il est difficile de dire tout et son contraire en l’espace de quelques années.

Souvenons-nous de la progression de l’accès au service amateur depuis son existence, et sauf oubli  :

  • disparition de l’obligation de l’examen de lecture au son de la télégraphie en échange d’un accès aux seules fréquences VHF ;
  • disparition de l’obligation de construction de matériel avec l’apparition d’un examen essentiellement théorique passé sur Minitel ;

  • disparition de l’enquête administrative préalable à la délivrance d’une licence d’exploitation d’une station du service amateur ;

  • création d’une licence novice ne demandant qu’une connaissance de la législation du service amateur ;

  • disparition de l’examen de télégraphie pour avoir accès aux bandes HF ;

  • disparition des différentes classes de licences et accès à toutes les bandes du service amateur par une licence unique.

Souvenons-nous aussi qu’à la même réunion où l’administration a informé les associations présentes de la disparition de la licence novice, que l’association qui l’avait fortement demandée à l’administration, n’a eu de cesse depuis d’en démontrer l’inutilité et de promouvoir le seul accès par une F4 d’un niveau permettant, disait-on à l’époque, de se conformer à « […] moderniser le service amateur pour en faciliter l’accès au plus grand nombre tout en préservant la qualité des futurs radioamateurs en leur ménageant une marge de progression »

Ce serait juste amusant si un fait de jeu aussi inutile que déplacé ne venait ternir encore plus cet éditorial. Le voici :

« Certains s’insurgent contre « le bradage des licences » que pour des raisons populistes les associations demanderaient. Se souviennent-ils ces puristes, ces donneurs de leçons, de leur examen quand l’inspecteur des PTT venait à domicile leur poser trois questions sur la loi d’Ohm, deux sur la réglementation et vérifier s’ils avaient bien leur ondemètre à ampoule et leur filtre secteur ? Et cette génération là est pourtant le socle de notre service amateur actuel. »

Si l’on comprend bien, non seulement le fond de la stratégie a fait un virage à 180° en l’espace de moins de 3 mandats associatifs, mais la star de l’équipe assène un tacle à la gorge à toute sa base d’adhérents ! En le reconnaissant même : « Et cette génération là est pourtant le socle de notre service amateur actuel. »

En résumé, la star de l’équipe nous dit à la mi-temps au sein du vestiaire : «  Vous avez eu votre licence dans un paquet Bonux*, permettez, sans que vous ayez quoi que ce soit à dire, que nous fassions de même pour « moderniser le service amateur pour en faciliter l’accès au plus grand nombre tout en préservant la qualité des futurs radioamateurs en leur ménageant une marge de progression »»

Les arbitres, que sont les adhérents et membres payants de ces associations, peuvent tout à fait distribuer des cartons jaunes. Et même des cartons rouges. Le carton jaune serait d’exprimer votre opinion à vos élus directement.

Le carton rouge pourra s’exprimer lors de la décision de renouveler son adhésion en fin d’année…

Souhaitons seulement que ce dernier fait de jeu ne soit qu’une erreur de jugement et que la VAR, l’arbitrage vidéo, viendra contredire le sentiment amer que plusieurs F5 et F6 de la belle époque (années 1960/1970) ont bien voulu m’exprimer par email.

En attendant, marchez à l’ombre et buvez frais !

*  seuls les très vieux, ce qui est le cas de la base des adhérents de ces associations, connaissent cette marque.

 

 

F8BXI

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