Même en plein été, probablement à cause de la vague de chaleur qui laisse peu de temps pour des loisirs constructifs et privilégie l’oisiveté des bains de mer et autres châteaux de sable, des informations touchant notre communauté apparaissent.
Nous sommes à 2 ans jour pour jour de l’ouverture des “Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024” — que nous appellerons JOP24 pour des raisons de commodité, de bande passante et de bilan carbone* — et à cette occasion, l’ANFR a publié un communiqué le 22/07/2022 sur l'”Utilisation du spectre des fréquences dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024“.
L’ANFR a aussi publié sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. Bien évidemment, les réactions furent à la hauteur du communiqué : très énervées pour le moins. À plus d’un titre d’ailleurs :
– le communiqué parait sans aucune information préalable du côté radioamateur ;
– on y parle d’utilisation de la bande 144-146 MHz alors que nous sommes utilisateur primaires ;
– le communiqué est assez flou pour que l’on comprenne que la bande 144-146 MHz serait à statut secondaire ;
– nous avons un antécédent avec les JO d’hiver d’Albertville en 1992 ;
– on parle de Paris et RP, où l’architecture des équipements radioamateurs est très fournie, et plusieurs autres grandes villes en région ;
– en lisant le TNRBF, on s’aperçoit que le statut exclusif de l’ARCEP comme affectataire de la bande 144-146 MHz n’est plus mentionné ;
– on comprend assez vite que nous sommes mis devant le fait accompli…
Si encore les premières réactions ‘officielles’ avaient été apaisantes, cela aurait pu vite s’arrêter, et empêcher les râleurs impénitents comme votre serviteur d’en ajouter. Au contraire, les premières réponses de la part du président du commité exécutif actuel de l’IARU région 1, F4GKR, ne sont pas pour calmer les esprits : “Protester à quel titre ? Nous ne sommes pas propriétaires des bandes, c’est pour deux mois et localisé. Et c’était déjà la même chose pour les JO de Londres…” ; “La raison du plus fort est toujours la meilleure“. Ceci faisant la part belle à des interprétations laissant entendre que nous n’avons rien à dire, rien à demander, rien à espérer…
En ce qui me concerne, mon seul grief, est le fait que nous ne soyons pas à minima informés de ce qui va se passer. Car il ne faut pas être naïf, même si je n’ai pas apprécié les remarques de F4GKR ci-dessus, c’est malheureusement le constat de la dure réalité : nous ne pesons rien parmi les utilisateurs du spectre radioélectrique. De plus, et un autre message de F4GKR le mentionne, étant incapables au niveau associatif de nous entendre, nous faisons le jeu des ministères, administrations et tutelles. J’y reviendrai plus tard…
Le REF, au travers de son site REF-Info a publié le communiqué de l’ANFR sans autre commentaire. En fait si, mais légèrement passé inaperçu dans la bataille. Une mention en introduction, pourtant en gras, indique que les associations radioamateurs ont été prévenues : “A l’attention de Mesdames et Messieurs les Présidents des associations de Radioamateurs“. Malheureusement, nous ne savons pas quand. Mais il est probable que ce soit peu de temps avant la publication du communiqué.
Les autres associations ne font pas mieux : l’URC est en vacances, et trois jours après la publication, RAF nous indique qu’ils feront un commentaire dans leur bulletin d’août. Il faudra aussi attendre trois jours après le communiqué pour une communication du REF par l’intermédiaire de son président.
Nous mettrons ça sur le compte des congés d’été avec un communiqué la veille d’un week-end de chassé-croisé…
Passée la période de canicule et de feux de forêts, c’est Sylvain, F4GKR qui prend l’initiative de rédiger un thread (une suite de messages Twitter permettant de passer outre les limitations de l’outil de 280 caractères par message) afin d’éclaircir quelques points, d’essayer de voir le côté positif malgré le remue ménage créé par ce communiqué. Je vous invite à le lire car il donne toutes les clés nécessaires pour comprendre le pourquoi de cette situation. Cela répond aussi à ma question sur la raison par laquelle nous n’avons pas été sollicité en amont et plutôt mis devant le fait accompli.
Comme on aime bien les citations du coté du REF, j’ajouterais celle-ci : “À quelque chose malheur est bon.”, c’est ce qu’explique la vision du verre à moitié plein de Sylvain ci-dessus. Et c’est à mon avis le seul comportement intelligent à avoir si nous voulons remonter dans l’estime de nos tutelles.
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Suite à cet épisode, j’aimerais revenir sur plusieurs points.
Ayant un blog qui parle souvent, — parfois beaucoup trop à mon goût et à celui de certaines associations radioamateurs — de problèmes liés à l’associatif, je suis souvent sollicités sur ces problèmes. J’aimerais toutefois préciser plusieurs choses :
vous qui êtes jeunes par l’âge, par l’indicatif, par les deux ou par l’ancienneté dans le domaine radioamateur, qui êtes tentés par le domaine associatif, en local, départemental ou national, sachez que tout l’historique du Service Amateur en France, la vie et les clashs de ses associations, est écrit dans les revues des dites associations. Pour le REF, il suffit d’une adhésion pour avoir accès à tous les numéros du Journal des 8 et de Radio-REF ; pour l’URC, la lettre/revue OCI est disponible en téléchargement sur le site de l’association. Les autres associations beaucoup plus jeunes n’ont d’histoire que vis à vis de leurs rapports avec le REF et/ou l’URC beaucoup plus anciennes (1925 pour la première, 1968 pour la seconde) et vous trouverez la raison de leur existence dans les dites revues.
Si le sujet vous intéresse et que vous voulez apprendre et comprendre ces “histoires d’associations radioamateurs françaises”, il faut lire beaucoup, souvent des parties peu attirantes mais combien instructives que sont les comptes-rendus de réunions de CA/BE, les rapports d’AG, les éditoriaux, etc. C’est un passage obligé si vous êtes un peu sérieux, que vous souhaitez aller loin et apporter quelque chose à la communauté.
C’est mon meilleur conseil sur le sujet. Un autre conseil, est d’éventuellement écouter, lire, les bruits de ‘chiottes’ sur telle ou telle situation, telle ou telle personne, mais de ne surtout pas les prendre en compte dans vos analyses. Ne croyez que ce qui est sur le papier et que vous pouvez recouper. Même si des anonymes ou moins anonymes vous contactent sans sollicitation de votre part pour vous donner des “informations” solides comme le béton, faites-vous votre propre idée sans entrer dans ces basses considérations !
Bien entendu, vous pouvez passer outre cela et partir du principe qu’une vision neuve, et à priori non partisane, sera d’autant plus efficace qu’elle ne s’arrêtera pas aux problèmes de personnes, d’ego, de bruits de couloirs, et autres relations houleuses et/ou traitrises que l’on crédite à l’un ou l’autre. Ceci serait efficace si dans le dialogue associatif, toutes les personnes étaient logées à la même enseigne, c’est à dire sans aucun antécédent entre elles. Ce qui ne sera probablement jamais le cas. Ou alors dans bien trop longtemps…
Si vous avez des questions particulières, ma boite mail vous est grande ouverte.
Et si comme 99,9% des radioamateurs français vous n’avez rien à faire de ces histoires associatives, bon trafic, bonne bricole, passez un bon été, buvez de l’eau fraiche, marchez à l’ombre et surtout, * n’oubliez pas d’éteindre le wifi…
Illustration : logo JO wiki common.
Une fois de plus ! C’est l’incurie des associations dites représentatives mais plus encore celle des “gestionnaires” (technocrates et autres administratifs …) qui conduit à une totale et ridicule gabegie dans cette situation. Non seulement ” l’ ADMINISTRATION” n’est pas en mesure de faire respecter les textes (quelle publie elle-même parfois) mais s’arroge le droit de les contourner… Devra t-on s’étonner de voir de plus en plus d’utilisation délinquantes du spectre ? ?
Bonjour Dany,
Voici ce que j’ai répondu à un message reçu hier :
“Il n’y a pas grand chose à dire de la situation. Notre statut en France ne s’arrange pas. Qu’il y ait de vieux présidents ou de jeunes présidents, le résultat des courses est toujours le même : nous passons pour des guignols auprès de l’administration.
Toujours les mêmes raisons : des problèmes de différents liés aux ego et personnalités de chacun, incapables de passer outre leurs petites personnes pour gérer l’intérêt général.”
73,
Philippe